Le digital : Un catalyseur essentiel pour la transformation de notre pays

En général le digital est en train de transformer le mode de vie d’une manière profonde et irréversible. Selon le document « SDG Digital Accélération Agenda 2023 » publié par l’Union Internationale des Télécommunications (UIT) et le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), les technologies numériques contribuent au moins 70 % des cibles des Objectifs de Développement Durable (ODD) tout en réduisant potentiellement le coût de leur réalisation jusqu’à 55 000 milliards de dollars. Cependant, dans la plupart de nombreux pays en voie de développement, comme le Burundi où le taux de pénétration Internet est trop faible, la connectivité reste un obstacle majeur et cela souligne l’urgence de prioriser et de soutenir le digital, qui est un véritable catalyseur de changement.

Contexte global ; la Journée internationale de la jeunesse

Le 12 août 2024, le monde entier a célébré la Journée internationale de la jeunesse sous le thème : « Des clics au progrès : les parcours numériques des jeunes pour un développement durable » . Ce thème illustre parfaitement l’importance cruciale du numérique dans la réalisation des objectifs de développement durable. Mais, on ne peut pas ignorer que le digital présente des défis et des avantages.

Les avantages et les défis du digital

Le digital donne accès à de nombreux avantages, notamment : il permet d’automatiser les processus, favorise l’inclusion financière et amplifie la voix des sans-voix, et tant d’autres avantages. Mais, malgré cela, une grande partie de la population mondiale reste déconnectée : en 2022, dans le monde entier 2.6 milliards de personnes ne sont toujours pas en ligne. Au Burundi, ce chiffre se traduit par une fracture numérique significative, avec seulement 11, 3 % de la population connectée au début de 2024. Cette situation rend la réalisation des ODD plus complexe, alors que ces objectifs établis en 2015, constituent un appel global à l’action pour garantir un avenir durable pour nos communautés.

Face à ces défis, un appel urgent à l’action s’impose. Il est crucial de former les individus et les communautés aux compétences numériques, d’investir dans l’infrastructure numérique et de mettre en place des politiques de subvention dans le domaine du numérique. L’objectif est de rendre le digital accessible à tous, et non seulement à une minorité privilégiée.

L’engagement de FreeTI pour l’agenda 2023

Dans le cadre de la réalisation de l’agenda 2030 de l’ONU, qui comprend 17 ODD, visant à promouvoir la prospérité, la paix universelle et la préservation de notre planète. A notre échelle, FreeTI joue un rôle actif. Nous intervenons dans la formation et l’éducation des populations et des communautés en leur fournissant des compétences numériques nécessaires pour s’épanouir. Nous nous engageons également pour l’inclusion numérique, en veillant à ce que chacun ait les mêmes opportunités, sans discrimination à travers divers projets que nous menons

Une invitation à contribuer

Nous lançons donc un appel à tous : au gouvernement qui doit jouer un rôle clé, aux particuliers et au secteur privé. Ensemble, nous pouvons exploiter le potentiel du digital pour assurer un avenir meilleur pour tous.

Par Barakana Guy Eudes

Gitega Study Space : Un espace pour acquérir des compétences numériques

Dans ce monde de plus en plus numérique, il est indispensable de développer des compétences dans ce domaine. D’ici 2030, en Afrique subsaharienne, 230 millions d’emplois nécessiteront des compétences numériques selon la Société Financière Internationale (IFC). Pour faire face à cette réalité, il est crucial de se préparer en luttant contre les facteurs qui alimentent la fracture numérique, tels que le manque de compétences, un accès médiocre à internet, des stéréotypes discriminatoires, et bien d’autres. Voici une analyse et des propositions de solutions.

La fracture numérique est un phénomène bien connu qui divise la société burundaise en deux catégories : ceux qui ont accès et maîtrisent les nouvelles technologies, et ceux qui en sont exclus. Pour juguler cette fracture numérique, l’inclusion numérique apparaît comme une solution efficace pour permettre à tous d’accéder aux outils numériques et de les maîtriser. L’inclusion numérique consiste à garantir à tous l’accès aux technologies de l’information et de la communication, ainsi qu’à former les individus à les utiliser de manière optimale. En acquérant des compétences numériques, les personnes peuvent ainsi participer pleinement à la vie de la société, que ce soit dans le domaine professionnel, éducatif ou social.

Quelle serait notre contribution via l’espace Gitega Study Space ?

Chez Freeti, nous sommes convaincus que pour réussir cette transition de l’analogique au numérique, une conjugaison des efforts entre les principales parties prenantes est nécessaire. Cela inclut le gouvernement, le secteur privé, les sociétés civiles, les organisations internationales, et d’autres acteurs concernés. C’est dans cette optique que l’espace Gitega Study Space a été conçu. Ce lieu va abriter le projet « Inclusion numérique des jeunes finalistes des écoles secondaires à travers les clubs d’excellence au Burundi », appuyé par la Fondation Roi Baudouin. Ce projet impliquera différents acteurs, notamment le secteur public (gouvernement à travers les écoles secondaires et la Direction Provinciale de l’Enseignement) et le secteur privé (avec l’intervention de SkyNet-Burundi pour les volets de formation).

Quelle est alors la contribution de ce projet ?

Grâce à ce projet, nous visons une inclusion numérique accrue. Des sessions de sensibilisation et des programmes de formation permettront aux élèves finalistes de mieux s’adapter à leur parcours universitaire, avec un accent particulier sur l’inclusion des jeunes filles. En effet, ces dernières sont sous-représentées dans les secteurs de l’emploi, de l’entrepreneuriat et de l’élaboration des politiques dans le domaine des TIC. En outre, les jeunes formés pourront lancer des initiatives dans le domaine du numérique et des projets d’entrepreneuriat digital, tandis que d’autres seront connectés à des opportunités d’emploi.

 Conclusion

Ce projet renforcera les capacités des jeunes finalistes des écoles secondaires, réduisant ainsi la fracture numérique et facilitant l’accès aux technologies numériques. Ceci répondra à l’article 15 du Pacte International relatif aux Droits Économiques, Sociaux et Culturels (PIDESC), qui reconnaît le droit de chacun de participer à la vie culturelle et de bénéficier des progrès scientifiques.

Gitega Study Space est donc une initiative essentielle pour préparer les jeunes Burundais à un avenir numérique, en leur offrant les compétences nécessaires pour réussir et contribuer positivement à la société.

Par Barakana Guy-Eudes 

Rédacteur en chef 

Le développement du E-commerce au Burundi : opportunités et défis

Depuis quelques années, le Burundi voit émerger des plateformes locales de commerce électronique (e-commerce) et des plateformes de paiement en ligne, telles que Ihera Ryanje, la plus connue, ainsi que d’autres comme Esoko. Ces initiatives visent à dynamiser le e-commerce burundais. Cependant, cette nouvelle forme de commerce rencontre de nombreux obstacles au niveau local, bien que son importance soit indéniable face aux tendances mondiales et aux initiatives régionales comme la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAF) pour le commerce transfrontalier.

Un moment propice pour le E-commerce

La question se pose : n’est-ce pas le moment idéal pour tirer davantage parti de cette nouvelle forme de commerce, au lieu de se concentrer uniquement sur le commerce transfrontalier physique ? En 2024, le taux de pénétration du e-commerce mondial est prévu à 29,9 %, tandis que, selon Statista, ce taux est attendu à seulement 4,1 % au Burundi. Ce chiffre relativement bas s’explique par l’absence quasi-totale de grands opérateurs locaux ou internationaux dans ce secteur.

Analyse microéconomique et macroéconomique

Sur le plan microéconomique, pour un petit commerçant, posséder une boutique en ligne peut sembler être une stratégie commerciale avantageuse. En effet, les produits ou services de ce commerçant sont ainsi exposés à une audience beaucoup plus large, augmentant les possibilités d’expansion sans nécessiter de ressources importantes.

Sur le plan macroéconomique, si le e-commerce était adopté à grande échelle, il pourrait potentiellement dynamiser l’économie nationale. L’élargissement du marché intérieur grâce au e-commerce permettrait une meilleure circulation des biens et services, stimulant ainsi la croissance économique.

Obstacles à l’adoption générale du E-commerce

Plusieurs obstacles freinent l’adoption généralisée du e-commerce au Burundi. Parmi les plus significatifs, on note :

– Faible connexion internet : La qualité et la disponibilité de la connexion internet restent limitées.
– Taux de pénétration internet très faible : Peu de Burundais ont accès à Internet, ce qui réduit le nombre potentiel de clients en ligne.
– Infrastructures inadéquates : Les infrastructures nécessaires au développement du e-commerce, telles que les réseaux de distribution et de logistique, sont insuffisantes.
– Faible pouvoir d’achat : Le niveau de vie et le pouvoir d’achat des Burundais restent bas, limitant ainsi leur capacité à participer activement au commerce en ligne.
– Accès limité aux devises internationales : Les investisseurs, producteurs et consommateurs ont souvent du mal à accéder aux devises nécessaires pour les transactions internationales.

Suggestions pour booster le E-commerce au Burundi

Pour surmonter ces obstacles, plusieurs actions peuvent être envisagées :

1. Amélioration des infrastructures numériques : Investir dans l’extension et l’amélioration de la couverture et de la qualité de l’internet.
2. Renforcement du pouvoir d’achat : Mettre en œuvre des politiques économiques visant à augmenter le pouvoir d’achat des citoyens.
3. Facilitation de l’accès aux devises : Simplifier les processus d’accès aux devises pour les transactions internationales.
4. Incitations pour les opérateurs : Offrir des incitations fiscales et autres aux entreprises locales et internationales pour les encourager à investir dans le e-commerce au Burundi.

Conclusion

Le e-commerce représente une opportunité majeure pour l’économie burundaise. En surmontant les obstacles actuels, le Burundi pourrait non seulement stimuler son économie locale, mais aussi s’intégrer plus efficacement dans l’économie mondiale. Il est crucial que les décideurs politiques, les entrepreneurs et les acteurs du secteur collaborent pour créer un environnement propice au développement du e-commerce.

Par Barakana Guy-Eudes 

Naviguer vers l’avenir : L’entrepreneuriat digital comme moteur de croissance au Burundi

Exploration d’une voie innovante pour stimuler l’économie

Depuis l’avènement de l’entrepreneuriat digital, une opportunité immense se présente au Burundi, un pays où cette forme d’entrepreneuriat demeure encore largement inexploitée. Malgré une chute de l’indice de liberté économique à 38,4 % cette année, selon l’Indice de Liberté Économique, comparé à 50,9 % en 2021 et 49,9 % en 2020 selon le rapport Doing Business, cette approche entrepreneuriale a le potentiel de briser les frontières traditionnelles et de dynamiser l’économie. Dans un pays confronté à un chômage persistant, avec un taux élevé de jeunes sans emploi, ne serait-il pas temps d’embrasser pleinement cette forme d’entrepreneuriat ?

Opportunités et défis actuels

Le gouvernement du Burundi a mis en place divers programmes pour remédier à la crise de l’emploi, mettant un accent particulier sur l’entrepreneuriat. En avril 2021, un décret présidentiel a mis en place Le Programme d’Autonomisation Économique et d’Emploi pour les Jeunes (PAEEJ). Jusqu’à présent, sur son site internet officiel, il est mentionné qu’il a déjà formé 9992 personnes et financé 2011 projets, ce qui est un exemple concret mais des chiffres qui montrent que le meilleur reste à faire, vu que le Burundi a une population d’environ 12 millions, dont 72 % ont moins de 35 ans, ce qui représente une population jeune. Malgré ces efforts, des défis subsistent, notamment le manque de ressources nécessaires pour les jeunes aspirants entrepreneurs.

Lueur d’espoir dans l’ère numérique

Cependant, l’émergence des technologies de l’information et de la communication offre une lueur d’espoir. Ces outils fournissent une plateforme permettant de faire des affaires en ligne, de toucher un large public sans les contraintes des déplacements physiques, et ce, avec des investissements relativement faibles par rapport aux modèles traditionnels. Ne serait-il pas judicieux pour les jeunes Burundais de saisir cette opportunité, rejoignant ainsi une tendance mondiale et répondant à une évolution sociétale ?

Stimulation de l’économie par l’adoption de l’entrepreneuriat digital

Au-delà de l’aspect individuel, l’adoption généralisée de l’entrepreneuriat digital pourrait également stimuler le secteur industriel. De nombreuses entreprises, dans divers secteurs, ont déjà adopté cette approche. Ne serait-il pas temps pour le gouvernement de lancer des programmes adaptés qui soutiennent cette transition ?

Défis et solutions pour une transformation réussie

Cependant, plusieurs défis se dressent sur la route de cette transformation. Pour que l’entrepreneuriat digital puisse réellement améliorer les performances macroéconomiques, il est impératif que le secteur public et privé coopèrent étroitement. Un climat des affaires favorable, des lois sur la propriété privée claires, des investissements dans les infrastructures telles que des connexions Internet à haut débit, une alimentation électrique fiable et abordable, ainsi que des programmes de formation appropriés sont essentiels. Seulement alors, cette forme d’entrepreneuriat pourrait devenir un catalyseur du développement économique.

En conclusion, il est temps pour le Burundi de saisir cette opportunité unique offerte par l’entrepreneuriat digital. En surmontant les défis et en investissant dans les ressources nécessaires, le pays pourrait non seulement réduire le chômage, mais également stimuler sa croissance économique de manière significative.

Fracture numérique entre hommes et femmes au Burundi : analyse et propositions de solutions.

Dans notre société contemporaine, où les compétences numériques sont devenues indispensables, que l’on vive en milieu urbain ou rural, il est crucial que chacun ait accès aux moyens nécessaires pour les acquérir. Selon les estimations de la Société financière internationale (IFC), d’ici 2030, 230 millions d’emplois en Afrique subsaharienne exigeront des compétences numériques, et près de 65 % des emplois créés dans les entreprises africaines nécessiteront au minimum des compétences numériques de base.

Malgré l’importance croissante de la maîtrise du numérique pour la communication, la recherche d’opportunités professionnelles, l’accès à des bourses d’études, le développement des affaires et la connectivité mondiale, la fracture numérique persiste. Au Burundi et dans de nombreux autres pays africains, l’acquisition de ces compétences tend à être un privilège. Même parmi ceux qui ont accès à ces ressources, une disparité subsiste entre les sexes.

Selon une étude de l’Union Internationale des Télécommunications (UIT), les femmes des pays en développement, tels que le Burundi, ont 8 % de chances en moins de posséder un téléphone par rapport aux hommes, et cette disparité atteint 21 % dans l’utilisation d’internet sur mobile.

Cette inégalité découle de divers facteurs, notamment des stéréotypes discriminatoires, le manque de moyens financiers, car de nombreuses femmes ne sont pas financièrement indépendantes, ainsi que le manque de formation dans le domaine du numérique. Sans la contribution des femmes, qui représentent une part importante de la population burundaise, l’économie du Burundi risque d’être sérieusement impactée.

En ce mois de mars 2024, dédié aux femmes et aux filles, le monde célèbre les progrès réalisés dans la réduction des inégalités hommes-femmes. Toutefois, dans certains secteurs comme le numérique, cet objectif semble encore loin d’être atteint. C’est pourquoi, chez Freeti, nous sommes conscients et convaincus que les filles ont besoin d’un soutien renforcé pour surmonter les défis socio-économiques et les stéréotypes qui limitent leur accès aux outils numériques et aux compétences essentielles au quotidien. Après tout, internet est un bien commun accessible à tous.

Et ce qui donne l’espoir c’est que lors de la célébration de la journée internationale des filles dans les TICs, madame la ministre des télécommunications et des médias Leocadie Ndacayisaba avait promis qu’une attention particulière sera accordée à la réduction de la fracture numérique, en veillant à ce que les communautés rurales du Burundi, les femmes et les filles, ainsi que les groupes vulnérables, qui sont actuellement confrontés à des obstacles plus importants à l’accès aux TIC, soient connectés. Mais ce qui est loin d’être facile pour remédier à ça. D’où Freeti propose quelques suggestions : 

Il faudra Encourager des partenariats public-privé : Il est essentiel que le gouvernement facilite les collaborations entre les entreprises privées et les institutions publiques pour mettre en place des programmes de formation aux compétences numériques, en mettant un accent particulier sur l’inclusion des femmes et des filles. Ces collaborations peuvent être soutenues par des incitations fiscales pour les entreprises qui s’engagent dans de telles initiatives.

Enfin, qu’il ait la création d’incitations pour les entreprises : Le gouvernement devrait également envisager d’offrir des incitations financières ou des subventions aux entreprises qui adoptent des politiques internes visant à garantir un accès équitable aux compétences numériques, en particulier pour les femmes. Cela pourrait inclure des crédits d’impôt pour les dépenses liées à la formation numérique ou des subventions pour l’achat d’équipements informatiques destinés à soutenir ces programmes de formation.

Par Barakana Guy-Eudès 

Plus d’une décennie plus tard, le blocage de sites relève toujours de la censure

Nous participons à la Semaine du droit d’auteur , une série d’actions et de discussions soutenant les principes clés qui devraient guider la politique du droit d’auteur. Chaque jour cette semaine, divers groupes s’attaquent à différents éléments de la loi et de la politique sur le droit d’auteur, abordant les enjeux et ce que nous devons faire pour garantir que le droit d’auteur favorise la créativité et l’innovation.

Alors que la Semaine du droit d’auteur touche à sa fin, il convient de rappeler pourquoi nous avons janvier. Il y a douze ans, une coalition diversifiée d’utilisateurs d’Internet, de sites Web et de militants de l’intérêt public s’est rendue sur Internet pour protester contre SOPA/PIPA, des lois proposées qui auraient, entre autres choses, bloqué l’accès aux sites Web s’ils étaient soupçonnés d’être utilisés à des fins de droit d’auteur. infraction. Plus d’une décennie plus tard, il n’existe toujours aucun moyen d’y parvenir sans causer un préjudice irréparable à l’expression légale en ligne.

Beaucoup de choses ont changé en douze ans. Parmi ces changements, il y a un changement majeur dans la façon dont nous et les législateurs percevons les entreprises technologiques. Ce qui était autrefois de nouvelles innovations est devenu un géant. Et ce qui était autrefois un outsider est désormais l’establishment.

Ce qui n’a pas changé, cependant, c’est le fait qu’une grande partie de l’utilisation des plateformes Internet est une expression légale et protégée. De plus, les utilisateurs typiques de ces plateformes sont ceux qui n’ont pas accès aux mégaphones des grands studios, des maisons de disques ou des éditeurs. Toute tentative de ressusciter SOPA/PIPA – quelle que soit la dénomination sous laquelle elle est rebaptisée – reste une menace pour cette expression.

Le blocage de sites, parfois appelé « injonction sans faute », permet fonctionnellement à un titulaire de droits d’empêcher l’accès à l’intégralité d’un site Web sur la base d’accusations de violation du droit d’auteur. Pas seulement l’accès à l’infraction présumée, mais à l’ensemble du site Internet. Il s’agit d’utiliser une tronçonneuse pour couper vos ongles.

Nous sommes tous tellement habitués au Digital Millennium Copyright Act (DMCA) et à la sphère de sécurité qu’il offre que nous oublions parfois à quel point le soulagement qu’il apporte est réellement extraordinaire. Au lieu de fournir la preuve de leurs prétentions à un juge ou à un jury, les titulaires de droits n’ont qu’à contacter un site Web avec leur conviction sincère que leurs droits d’auteur ont été violés, et le matériel prétendument en infraction sera retiré presque immédiatement. C’est une grande différence par rapport aux méthodes traditionnelles de blocage de l’expression.

Le blocage de sites irait encore plus loin, contournant le site Web et obligeant les fournisseurs de services Internet à refuser à leurs clients l’accès à un site Web. Cela met clairement en péril l’expression de ceux qui ne sont même pas accusés de violation, et c’est un instrument beaucoup trop brutal pour le problème qu’il est censé résoudre. Nous restons opposés à toute tentative en ce sens. Nous avons une longue mémoire, et douze ans, ce n’est même pas si long.

PAR KATHARINE TRENDACOSTA

Cet article a été publié en partenariat avec EFF 

Bitcoin 2024 : une plongée au cœur du Halving et de ses enjeux

Chaque année, nous présentons aux Burundais amateurs du monde numérique un article anticipant les tendances mondiales en matière d’évolution technologique et de société. Comme démontré dans l’article de l’année précédente ( https://bit.ly/3tIO2mw  ). Cette année, l’attention des investisseurs, des médias et des personnalités influentes est tournée vers le “Halving day” du Bitcoin, plaçant ainsi la Blockchain au centre des préoccupations.  Analyse et explication de cet événement.

Qu’est-ce que le halving ?

Le halving constitue un mécanisme intégré et automatique dans le protocole du Bitcoin, se produisant tous les quatre ans depuis 2012. Il réduit la récompense attribuée aux mineurs, passant de 50 Bitcoin à 25 en 2012, puis à 12,6 Bitcoin. Ce processus se poursuivra jusqu’à ce que les 21 millions de Bitcoins existants soient minés.

Pourquoi le halving est-il crucial ?

Il revêt une importance capitale en créant la rareté, simplement en instaurant une offre limitée face à une demande croissante, ce qui stimule la valeur du Bitcoin.

Un autre aspect rendant le Bitcoin plus rare est que de nombreux mineurs, face à la diminution de la récompense, trouvent difficile de maintenir leur rentabilité. Cela laisse la place à des mineurs plus efficaces et rentables, accentuant davantage la rareté.

En résumé, le “halving day” représente un événement majeur dans le cycle du Bitcoin et dans le monde des cryptomonnaies. Prévu pour le 26 avril 2024, il oriente significativement la tendance de cette année vers le domaine des cryptomonnaies, avec un impact considérable sur l’offre, la demande et potentiellement les prix. Ainsi, chaque observateur attentif sera tourné vers cet événement.

BARAKANA GUY-EUDES

Reprendre le Web avec la décentralisation : bilan de 2023

LORSQU’UN SYSTÈME DEVIENT TROP ÉTROITEMENT CONTRÔLÉ ET CENTRALISÉ, LES PERSONNES PRESSÉES ONT TENDANCE À RECULER POUR RÉCUPÉRER LEUR AUTONOMIE PERDUE. INTERNET NE FAIT PAS EXCEPTION. ALORS QU’INTERNET A COMMENCÉ COMME UNE VAGUE AFFILIATION D’UNIVERSITÉS ET D’ORGANISMES GOUVERNEMENTAUX, CES ESPACES COMMUNS NUMÉRIQUES ÉMERGENTS ONT ÉTÉ DE PLUS EN PLUS PRIVATISÉS ET REGROUPÉS DANS UNE POIGNÉE DE JARDINS CLOS. LEURS NOMS SONT TROP SOUVENT SYNONYMES D’INTERNET, CAR ILS SE BATTENT POUR LES DONNÉES ET LES YEUX DE LEURS UTILISATEURS.

Au cours des dernières années, on a assisté à un retour accéléré vers la décentralisation. Les utilisateurs en ont assez de la concentration du pouvoir et de la prévalence des violations de la vie privée et de la liberté d’expression, et de nombreux utilisateurs fuient vers des projets plus petits et gérés de manière indépendante.

 

Cet élan ne s’est pas seulement manifesté dans la croissance de nouveaux projets de médias sociaux. D’autres projets passionnants ont vu le jour cette année et les politiques publiques s’adaptent.  

Des gains majeurs pour le Web social fédéré

Après qu’Elon Musk ait acquis Twitter (maintenant X) fin 2022, de nombreuses personnes se sont déplacées vers différents coins de l’ « IndieWeb » à un rythme sans précédent. Il s’avère que ce n’étaient que des fissures avant la rupture du barrage cette année. L’année 2023 a été définie autant par l’essor du microblogging fédéré que par la descente de X en tant que plateforme . Ces utilisateurs ne voulaient pas seulement un remplacement immédiat de Twitter, ils voulaient briser définitivement le modèle des principales plateformes de médias sociaux en obligeant les hôtes à rivaliser sur le service et le respect.

L’autre développement majeur dans le fediverse est venu d’une source apparemment improbable : Meta.

Cette dynamique de début d’année s’est principalement manifestée dans le fediverse , avec Mastodon . Ce projet logiciel a rempli le créneau du microblogging pour les utilisateurs quittant Twitter, tout en étant l’un des projets les plus matures utilisant le protocole ActivityPub, la pierre angulaire de l’interopérabilité des nombreux services fedivers.

Remplissant un créneau similaire, mais construit sur le protocole de transfert authentifié (AT) développé en privé, Bluesky a également connu  une croissance rapide bien qu’il soit resté sur invitation uniquement et qu’il ne soit pas encore ouvert à l’interopérabilité avant l’année prochaine. Des projets comme Bridgy Fed s’efforcent déjà de connecter Bluesky à l’écosystème fédéré plus large et montrent la promesse d’un avenir dans lequel nous n’aurons pas à choisir entre utiliser les outils et les sites que nous préférons et nous connecter à nos amis, à notre famille et bien d’autres. 

L’autre développement majeur dans le fediverse est venu d’une source apparemment improbable : Meta. Meta possède Facebook et Instagram, qui ont fait de grands efforts pour contrôler les données des utilisateurs, invoquant même des allégations de violation de la vie privée pour entretenir leurs jardins clos. Le lancement par Meta  de Threads en juillet , un nouveau site de microblogging utilisant le protocole ActivityPub de fediverse, a donc été surprenant. Après un premier succès retentissant , grâce à l’intégration des utilisateurs d’Instagram dans le nouveau service, Threads est déjà plusieurs fois plus grand que fediverse et Bluesky réunis. Même si un site aussi vaste pourrait signifier que le microblogging fédéré rejoint les messages directs fédérés (e-mails) dans le courant dominant, Threads n’a pas encore interopéré et peut créer un fossé entre les hôtes et les utilisateurs qui se méfient du mauvais bilan de Meta en matière de protection de la vie privée des utilisateurs et de modération du contenu . 

Nous avons également vu la fédération d’agrégation d’actualités sociales. En juin, Reddit a indigné ses modérateurs et développeurs tiers en mettant à jour sa politique de tarification des API pour la rendre moins interopérable. Cette indignation s’est manifestée par un black-out majeur à l’échelle de la plateforme pour protester contre les changements et le traitement injuste des bénévoles passionnés et non rémunérés qui font que le site en vaut la peine. Encore une fois, les utilisateurs se sont tournés vers le fediverse en pleine maturité comme  refuge décentralisé , en particulier vers les cousins ​​​​plus ressemblant à Reddit de Mastodon, Lemmy et Kbin . Reddit, faisant encore écho à Twitter , a également été critiqué pour avoir brièvement interdit les utilisateurs et les sous-reddits liés à ces alternatives fédiverses. Même si les manifestations se sont poursuivies bien au-delà de leur portée initiale et sont restées sous le feu des projecteurs du public, l’ordre a finalement été rétabli . Cependant, les alternatives autrefois marginales dans le fediverse continuent d’être actives et de s’améliorer.

Certains de nos amis travaillent dur pour déterminer la suite.

Enfin, même si ces projets ont fait de grands progrès en termes d’adoption et d’amélioration de la convivialité, nombre d’entre eux restent généralement de petite taille et manquent de ressources. Pour que le Web social décentralisé réussisse, il doit être durable et maintenir des normes élevées quant à la manière dont les utilisateurs sont traités et protégés. Ces hébergeurs indépendants sont confrontés aux mêmes risques de responsabilité et menaces gouvernementales que les entreprises milliardaires. Dans un exemple poignant que nous avons vu cette année, un raid du FBI sur un administrateur du serveur Mastodon pour des raisons indépendantes a abouti à la saisie d’une base de données de serveur non cryptée. C’est une situation qui fait écho à l’affaire fondatrice de l’EFF il y a plus de 30 ans, Steve Jackson Games c. Secret Service , et elle souligne la nécessité pour les petits hôtes d’être prêts à se prémunir contre les excès du gouvernement.

Avec autant d’élan vers de meilleurs outils et une adoption plus large de meilleures normes, nous restons optimistes quant à l’avenir de ces projets fédérés.

Applications peer-to-peer innovantes

Cette année a également vu la poursuite des travaux sur les composants du Web qui se trouvent plus bas dans la pile, sous la forme de protocoles et de bibliothèques avec lesquels la plupart des gens n’interagissent jamais, mais qui permettent les services décentralisés dont les utilisateurs dépendent quotidiennement. Le protocole ActivityPub , par exemple, décrit comment tous les serveurs qui composent le fediverse communiquent entre eux. ActivityPub a ouvert un monde de médias sociaux décentralisés fédérés, mais le progrès ne s’arrête pas là.

Certains de nos amis travaillent dur pour déterminer la suite. Le projet Veilid a été officiellement lancé en août, à DEFCON, et le projet Spritely a publié des nouveautés et des versions impressionnantes tout au long de l’année. Les deux projets promettent de révolutionner la manière dont nous pouvons échanger des données directement de personne à personne, de manière sécurisée et privée, et sans avoir recours à des intermédiaires. Comme nous l’avons écrit , nous sommes impatients de voir où ils nous mèneront au cours de l’année à venir.

La loi sur les marchés numériques de l’Union européenne est entrée en vigueur en mai 2023 et l’une de ses dispositions exige que les plateformes de messagerie dépassant une certaine taille interagissent avec d’autres concurrents. Même si chaque service soumis aux obligations du DMA pourrait proposer sa propre API sur mesure pour satisfaire aux exigences de la loi, le meilleur résultat, tant pour la concurrence que pour les utilisateurs, serait la création d’un protocole commun pour la messagerie multiplateforme, ouvert, relativement facile à mettre en œuvre, et, surtout, maintient le cryptage de bout en bout pour la protection des utilisateurs finaux. Heureusement, le groupe de travail MIMI ( More Instant Messaging Interoperability ) de l’Internet Engineering Task Force (IETF) a relevé ce défi précis. Nous surveillons le groupe et sommes optimistes quant à la possibilité d’une interopérabilité ouverte qui favorise la concurrence et la décentralisation tout en protégeant la vie privée.

EFF sur la politique DWeb

Camp DWeb 2023

Le « gala de stars » (tel qu’il est) du web décentralisé, DWeb Camp , a eu lieu cette année parmi les séquoias du nord de la Californie pendant un week-end fin juin. L’EFF a participé à un certain nombre de panels axés sur les implications politiques de la décentralisation, la manière d’influencer les décideurs politiques et l’orientation future du mouvement Web décentralisé. L’opportunité d’entrer en contact avec d’autres personnes travaillant à la fois dans les domaines de la politique et de l’ingénierie a été inestimable, tout comme les contributions de ceux vivant en dehors des États-Unis et de l’Europe.  

Témoignage de la blockchain

Les blockchains ont été au centre de l’attention de nombreux législateurs et régulateurs au cours des dernières années, mais l’accent a été mis principalement sur les utilisations financières et les implications de l’outil. L’EFF a eu une occasion bienvenue d’attirer l’attention sur d’autres utilisations potentielles des blockchains, moins souvent évoquées, lorsque nous avons été invités à témoigner devant le sous-comité sur l’innovation, les données et le commerce du Comité de l’énergie et du commerce de la Chambre des représentants des États-Unis. L’audience s’est concentrée spécifiquement sur les utilisations non financières des blockchains, et notre témoignage a tenté de couper court au battage médiatique pour aider les membres du Congrès à comprendre de quoi il s’agit et comment et quand cela peut être utile, tout en étant clair sur ses inconvénients potentiels. 

Le message principal de notre témoignage était qu’en fin de compte, la blockchain n’est qu’un outil et que, comme pour d’autres outils, le Congrès devrait s’abstenir de la réglementer spécifiquement en raison de ce qu’elle est. L’autre point important que nous avons souligné est que les personnes qui contribuent au code open source des projets blockchain ne devraient pas, en l’absence d’un autre facteur, être tenues responsables de ce que les autres font avec le code qu’elles écrivent.

Un système décentralisé signifie que les individus peuvent « acheter » le style de modération qui correspond le mieux à leurs préférences.

Modération dans les médias sociaux décentralisés

L’un des problèmes majeurs mis en lumière par la montée en puissance des médias sociaux décentralisés tels que Bluesky et Fediverse cette année a été les promesses et les complications de la modération du contenu dans un espace décentralisé. Sur les réseaux sociaux centralisés, la modération du contenu peut sembler plus simple. L’équipe de modération a une vision globale de l’ensemble du réseau et, pour les principales plateformes auxquelles la plupart des gens sont habitués, ces services centralisés disposent de plus de ressources pour maintenir une équipe de modérateurs. Les médias sociaux décentralisés présentent cependant leurs propres avantages en matière de modération. Par exemple, un système décentralisé signifie que les individus peuvent « acheter » le style de modération qui correspond le mieux à leurs préférences. Cette modération au niveau communautaire peut mieux évoluer que les modèles centralisés, car les modérateurs ont plus de contexte et d’investissement personnel dans l’espace.

Mais la modération décentralisée n’est certainement pas un problème résolu, c’est pourquoi l’Atlantic Council a créé le groupe de travail pour un futur Web digne de confiance . Le groupe de travail a commencé par compiler un rapport complet sur l’état du travail en matière de confiance et de sécurité dans les médias sociaux et les défis à venir dans ce domaine. Ils ont ensuite mené une série de consultations publiques et privées axées sur les enjeux de modération des contenus sur ces nouvelles plateformes. Des experts de nombreux domaines connexes ont été invités à participer, y compris l’EFF, et nous étions ravis de faire part de nos réflexions et d’entendre les autres groupes réunis. Le groupe de travail prépare actuellement un rapport final qui synthétisera les commentaires et qui devrait être publié au début de l’année prochaine.

L’année écoulée a été une année forte pour le mouvement de décentralisation. De plus en plus de gens se rendent compte que les grands services centralisés ne suffisent pas à Internet, et l’exploration d’alternatives se déroule à un niveau que nous n’avons pas vu depuis au moins une décennie. De nouveaux services, protocoles et modèles de gouvernance apparaissent également constamment. Tout au long de l’année, nous avons essayé de guider les nouveaux arrivants à travers les différences entre les services décentralisés, d’éclairer les politiques publiques entourant ces technologies et outils et de les aider à imaginer où le mouvement devrait se développer ensuite. Nous sommes impatients de continuer à le faire en 2024.

PAR ROSS SCHULMAN ET RORY MIR

Cet article a été publié en partenariat avec EFF 

Analyse de l’impact de la hausse du taux directeur au Burundi : Perspectives économiques et solutions potentielles

La récente augmentation du taux directeur de 5 % à 10 % au Burundi suscite des préoccupations quant à ses répercussions sur les consommateurs et producteurs du pays. Le président de l’Association des Banques et Établissements Financiers du Burundi (ABEF), Guy Ghislain Ntwenguye, souligne que les banques commerciales sont dorénavant contraintes  d’ajuster les taux d’intérêts, ce qui complique l’accès au crédit pour le citoyen moyen. Cette évolution soulève des interrogations sur la fiabilité du système bancaire centralisé actuel.

Contextualisation et antécédents

Le contexte financier préexistant était marqué par une tendance à la hausse des taux d’intérêt des banques commerciales, comme l’a souligné le travail mené en 2021 par les chercheurs de la BRB, Micheline Kwizera et Jean Claude Barikunzira. Leur analyse sur la dernière décennie révèle un taux d’intérêt relativement élevé, atteignant une moyenne de 15 % jusqu’en 2021, malgré des taux de rémunération des dépôts relativement faibles à cette époque (4 % en moyenne). Vous pouvez consulter ici

La justification de la hausse récente du taux directeur repose sur l’objectif gouvernemental de stabiliser l’inflation. Cependant, cette dernière persiste à croître, atteignant actuellement un taux alarmant de 27,2 %. Cette réalité soulève la question fondamentale des leçons à tirer de cette dynamique.

Répercussions sur l’emprunt et la stabilité économique

La hausse du taux directeur risque d’entraîner une réticence généralisée à l’emprunt, car elle élève le coût du crédit, freinant ainsi la demande de prêts et réduisant les dépenses de consommation et d’investissement. Cette situation pourrait également avoir un impact sur les Investissements Directs Étrangers (IDE) que le Burundi attirait déjà.

De plus, la production est susceptible de diminuer, étant donné que celle-ci dépend de la combinaison du capital et du travail. Dans les conditions actuelles, l’accès au capital devient difficile, ce qui a un impact direct sur le travail. Cette situation pourrait entraîner une réduction de la production, soulignant les défis actuels liés à l’accessibilité au capital dans notre contexte économique. D’après Thaddée Habyarimana, étudiant en Master à l’Université du Burundi.

La question cruciale demeure : cette course à la stabilisation de l’inflation trouvera-t-elle une fin ? Face à un taux d’inflation élevé, actuellement fixé à 27,2 %, aucune solution magique n’est envisageable. Cependant, une analyse plus approfondie permet d’esquisser quelques pistes. En examinant le cas du dollar américain, considéré comme la principale réserve de valeur mondiale, la plupart des banques centrales s’assignent des objectifs d’inflation, souvent fixés à 2 % par an. Actuellement, l’indice de prix à la consommation (CPI) du dollar américain dépasse cette cible, s’établissant à 3,1 % par an.

À titre d’illustration, l’étude de Josef Tětek dans son ouvrage “Bitcoin : Separation of Money and State”, menée à une époque où l’inflation aux États-Unis atteignait 5 %, met en lumière les conséquences dévastatrices d’un tel taux sur le pouvoir d’achat, volant un quart de celui-ci en 6 ans et le réduisant de moitié en 14 ans. Transposons cette réalité à l’inflation du franc burundais sur une période de 14 ans, et l’espoir semble mince, sans nécessité de calculs approfondis.

Conclusions et perspectives

La seule conclusion à laquelle nous pouvons parvenir est celle formulée par les économistes de l’école autrichienne depuis des années : le système de marché demeure le seul système concevable compatible avec une société prospère et civilisée. En d’autres termes, tout contrôle excessif, que ce soit au sein d’institutions financières ou dans divers secteurs de la vie nationale, est voué à l’échec. L’expérience montre que la politique monétaire n’échappe pas à cette réalité. Ainsi, de manière avisée, l’adoption progressive d’une monnaie décentralisée, comme le Bitcoin, pourrait constituer une solution pertinente face aux défis actuels.

Par BARAKANA GUY EUDES

Le dernier projet de traité des Nations Unies sur la cybercriminalité constitue un grand pas en arrière

Un nouveau projet de traité controversé des Nations Unies sur la cybercriminalité n’a fait qu’accroître les craintes que le traité criminalise l’expression et la dissidence, crée des pouvoirs de surveillance étendus et facilite la répression transfrontalière. 

Le traité proposé, initialement destiné à lutter contre la cybercriminalité, s’est transformé en un vaste traité de surveillance , augmentant le risque d’une portée excessive dans les enquêtes nationales et internationales. Le nouveau projet conserve une disposition controversée autorisant les États à contraindre les ingénieurs ou les employés à saper les mesures de sécurité, ce qui constitue une menace pour le cryptage. 

Ce nouveau projet non seulement ne tient pas compte de nos préoccupations, mais les approfondit également, en permettant aux nations d’élargir leur réseau en accédant aux données stockées par des entreprises à l’étranger, potentiellement en violation des lois sur la protection de la vie privée d’autres pays. Il étend dangereusement sa portée au-delà des cybercrimes spécifiquement définis dans la Convention, englobant une longue liste de non-cybercrimes. Ce projet conserve la question préoccupante de l’élargissement de la portée de la collecte et du partage transfrontalier de preuves pour tout crime grave, y compris les crimes qui violent de manière flagrante le droit des droits de l’homme. En outre, cette nouvelle version va trop loin dans les enquêtes et les poursuites pour des crimes allant au-delà de ceux détaillés dans le traité ; jusqu’à présent, ce pouvoir était limité aux seuls crimes définis à l’article 6-16 de la convention. 

Nous sommes profondément troublés par le mépris flagrant de notre contribution, qui éloigne encore plus le texte du consensus. Ce n’est pas seulement un oubli ; c’est un pas important dans la mauvaise direction. 

Initiées en 2022, les négociations sur le traité ont été marquées par des désaccords persistants entre les gouvernements sur la portée du traité et sur le rôle, le cas échéant, que les droits de l’homme devraient jouer dans sa conception et sa mise en œuvre. La nouvelle ébauche a été publiée le mardi 28 novembre ; les gouvernements tiendront des négociations à huis clos les 19 et 20 décembre à Vienne, pour tenter de parvenir à un consensus sur les crimes à inclure dans le traité, et le projet sera examiné lors de la session de négociation finale à New York fin janvier 2024, quand il est censé être finalisé et adopté. 

Deborah Brown, directrice associée par intérim de Human Rights Watch pour la technologie et les droits de l’homme, a déclaré que cette dernière version « est prêt à faciliter les abus à l’échelle mondiale, grâce à des pouvoirs transfrontaliers étendus pour enquêter sur pratiquement tous les « crimes » imaginables – comme la dissidence pacifique ou l’expression de l’orientation sexuelle – tout en sapant l’objectif du traité de lutter contre la véritable cybercriminalité. Les gouvernements ne devraient pas se précipiter pour conclure ce traité sans veiller à ce qu’il élève nos droits fondamentaux au lieu de les sacrifier. 

PAR 

KATITZA RODRIGUEZ

Cet article a été publié en partenariat avec EFF